La journée du 3 février a été fertile en rebondissements. Les tarifs douaniers de 25 % du président américain sur les importations en provenance du Canada devaient entrer en vigueur le 4 février dernier, ce qui aurait pu forcer l’arrêt de la production des deux côtés de la frontière dans l’espace d’une semaine.
Au Canada, Ford, General Motors et Stellantis envisageaient de cesser la production (dans le pire scénario) dans leurs usines canadiennes, selon ce que rapporte l’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV), un organisme qui représente les trois grands constructeurs de Détroit au pays.
C’est le site Automotive News qui rapporte cette nouvelle et jette une perspective sur l’impact qu’auraient pu avoir les tarifs, si imposés.
L’incertitude demeure, toutefois, en raison de l’imprévisibilité du locataire de la Maison-Blanche, sans compter son irrationalité. Depuis l’annonce des tarifs, une pluie de critiques est venue des plus réputés économistes, affirmant que l’idée même de ces tarifs était mauvaise.
Du côté américain, les constructeurs ont annoncé que le prix des véhicules allait augmenter d’au moins 3000 $ US.
« Tout est possible avec des droits de douane d’une telle ampleur. Toute la chaîne d’approvisionnement automobile, qui a été fondée sur le commerce libre et ouvert, est soudainement bouleversée », a déclaré à la division canadienne du site Automotive News Brian Kingston, le grand patron de l’ACCV.
« Les conséquences de ces droits de douane sont si dévastatrices pour l’ensemble du secteur à travers l’Amérique du Nord qu’il est difficile d’imaginer un monde dans lequel cette politique serait appliquée dans toute sa rigueur », a-t-il ajouté.
Selon Lana Payne, la présidente d’Unifor, le syndicat canadien de l’automobile, la menace des droits de douane imposés par Donald Trump rend cette période « très difficile pour les travailleurs de l’automobile, pour notre syndicat et pour notre pays ».

Stellantis Canada emploie environ 4500 travailleurs à son usine d’assemblage de Windsor. Environ 3200 personnes travaillent régulièrement à l’usine d’assemblage de Brampton, présentement fermée pour rénovations.
Chez Ford Canada, ce sont près de 2000 travailleurs qui fabriquent des moteurs à Windsor pour toute une série de modèles. À l’usine Ford d’Oakville, toujours en Ontario, ce sont normalement 3400 ouvriers qui bossent. Là aussi, l’usine subit des travaux pour s’adapter à une nouvelle réalité de production.
Chez General Motors Canada, on possède trois usines en Ontario, pour un total de 5500 personnes.
Brian Kingston a indiqué que le travail dans les usines se poursuivait sur la base des règles commerciales en vigueur, mais que les constructeurs se préparaient à toutes les éventualités.
Le pire scénario, auquel nous faisions allusion plus tôt, serait que les droits de douane s’appliquent non seulement aux véhicules finis, mais aussi aux pièces qui, dans certains cas, franchissent plusieurs fois la frontière avant d’être installés pour une dernière fois dans un véhicule.
Au-delà des conséquences à court terme, ce sont les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis qui ne seront plus les mêmes, du moins tant que l’administration actuelle est en place.
« Ce genre de chaos a un impact sur les décisions économiques futures de notre pays, ce qui signifie que certaines entreprises continueront à investir ici et d’autres non. Et c’est une très, très grande préoccupation », a ajouté Lana Payne.
Que va-t-il se passer dans 30 jours ? Il est impossible de le prévoir, toujours en raison de l’imprévisibilité de celui qui détient le pouvoir. Et devant l’imprévisibilité, rien ne peut être anticipé, ce qui est horrible pour les marchés, qui se préparaient à un sérieux recul hier, avant l’annonce du report des tarifs pour le Mexique et le Canada.
Contenu original de auto123.