Le 24 juillet 1999, vers 12h, un camion-citerne transportant de l'asphalte liquide fonce à toute vitesse dans un bouchon de circulation s'étendant sur 3km sur la 20 à la hauteur de Saint-Michel-de-Bellechasse. Un carambolage qui fait 4 morts et 11 blessés.
Le FM93 s'est entretenu avec Michel Bélanger « un miraculé de la 20 ».
Sauvé par son air climatisé
Michel Bélanger attendait patiemment dans son véhicule récréatif avec sa femme et son fils dans le bouchon de circulation à l'approche d'un chantier routier sur l'autoroute 20. Ce jour-là, l'absence d'air climatisé dans son véhicule a permis à Michel et sa famille de ne pas compter parmi les victimes.
« Moi je n'ai pas d'air climatisé dans mon véhicule, alors les fenêtres étaient toutes ouvertes. Quelques secondes après m'être arrêté, j'entends une déflagration. J'ai regardé dans mon rétroviseur et j'a vu une vanne qui levait dans les airs. J'ai vu les roues dans les airs au ralenti. La réaction que j'ai eue c'est d'embrayer ça, de nous sortir de là. J'ai tourné vers le terreplein pour nous sauver de là. »
Cette vanne, c'est un camion-citerne de l'Île-du-Prince-Édouard transportant de l'asphalte liquide qui roulait à 110km/h sur la 20, jusqu'à ce qu'il aperçoive, le bouchon à la sortie d'une courbe. Il est trop peu trop tard, il est à 400m de la file de véhicules.
Tous n'ont pas eu la même chance que Michel.
« Il y avait une famille derrière nous qui nous suivait depuis le pont. Eux avaient l'air climatisé, donc ils n'ont pas entendu la déflagration. Le monsieur est dévisagé, la dame est décédée, le garçon est handicapé pour le reste de ses jours et la jeune fille s'en tire avec des séquelles. »
Signalisation inadéquate?
À la fin de son enquête, le coroner Denis Boudrias blâme principalement la signalisation sur le chantier qui n'affichait pas clairement le bouchon de circulation.
Pas d'accusations contre le conducteur
Aucune accusation ne sera portée contre le conducteur du citerne, Jason Fischer, à la fin de l'enquête du coroner qui souligne que « ni la vitesse, ni l'état du véhicule, ni l'expérience, ni la condition physique du véhicule» n'aurait pu ouvrir la porte à des accusations.
Un coroner avant-gardiste
À la fin de son enquête,le coroner y va de plusieurs recommandations qui sont aujourd'hui en vigueur. Il recommande l'installation de panneaux à message variable aux abords des chantiers plutôt que des panneaux "risque de congestion". Il suggère de doubler les amendes et les points sur les chantiers routiers, en plus « d'instaurer un système de surveillance électronique (avec photo) fonctionnant 24h par jour ».
Source: Rapport du coroner (partie 1)
Source: Rapport du coroner (partie 2)
Le no-fault pointé du doigt
Dans les jours suivants l'accident, l'avocat Marc Bellemare y va d'une sortie virulente contre le no-fault au Québec. Il se dit choqué.
« Ça me fruste parce que je vois dans mon bureau depuis 40 ans des gens dont les vies ont été complètement défaites, car ils ont par hasard circulé sur une route mal entretenue par le ministère des Transports, mais qui sont dans l'impossibilité de poursuivre le ministère. Même chose pour des gens qui ont été blessés parce que la municipalité des travaux, pas de possibilité de poursuivre non plus si c'est un accident de la route. »