Le président américain ne finit plus d’en remettre avec ses tarifs. Après avoir imposé des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, voilà qu’il menace maintenant de paralyser l’industrie automobile canadienne en imposant des droits de douane allant jusqu’à 100 % sur les véhicules qui sont fabriqués au Canada.
Dans une entrevue accordée au réseau FOX News et diffusée lundi (10 février), Donald Trump a déclaré que le Canada possédait une « très grande industrie automobile », mais il est allé jusqu’à dire qu’elle a été volée aux États-Unis.
« Ils l’ont volée parce que nos citoyens dormaient au volant », a-t-il déclaré. Et c’est alors qu’il en est venu aux menaces.
« Si nous ne concluons pas des accords avec le Canada, nous imposerons des droits de douane élevés sur les véhicules. Cela pourrait être de 50 % ou de 100 %, car nous ne voulons pas de leurs véhicules. Nous voulons que les véhicules soient fabriqués à Detroit ».
Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, a fortement réagi, mentionnant qu’on ne peut tout simplement pas appuyer sur un bouton dans le secteur automobile pour démanteler les chaînes d’approvisionnement qui sont profondément intégrées entre le Canada et les États-Unis depuis les années 1960.
« Les pièces automobiles traversent la frontière jusqu’à sept ou huit fois, avant d’être assemblées soit dans le Michigan, soit dans une autre usine automobile, soit en Ontario. C’est ainsi que cela fonctionne, et cela fonctionne bien, et tout le monde en profite », a-t-il déclaré aux membres de la Chambre de Commerce des États-Unis aujourd’hui.
La semaine dernière, on annonçait un sursis de 30 jours concernant la menace de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur tous les produits provenant du Canada (10 % pour l’énergie).
La pause n’a duré que quelques jours, soit jusqu’à l’annonce concernant l’acier et l’aluminium, qui va entrer en vigueur le 12 mars prochain.
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Du côté de l’industrie automobile, on ne trouve pas le président très drôle. Jim Farley, le chef de la direction de Ford, a sonné l’alarme concernant les menaces de Donald Trump et son intention de revenir sur les mesures prises par l’administration Biden. À son avis, ces gestes mettent en péril des emplois et les investissements effectués à l’intérieur des usines que Ford opère en Ohio, au Michigan, au Tennessee et au Kentucky.
Selon Jim Farley, le présent locataire de la Maison-Blanche a de bonnes intentions, mais sa façon de faire crée le chaos et entraîne des coûts importants.
« À long terme, des droits de douane de 25 % aux frontières du Mexique et du Canada feraient exploser l’industrie américaine comme jamais auparavant. Franchement, cela laisse le champ libre aux constructeurs sud-coréens, japonais et européens. Ces derniers importent entre un million et demi et deux millions de véhicules aux États-Unis, lesquels ne seraient pas soumis à ces droits de douane mexicains et canadiens. »
- Jim Farley, PDG de Ford
Il est difficile d’imaginer des tarifs de 100 % sur les véhicules construits au Canada. Une telle situation causerait des dommages irréparables à l’industrie automobile canadienne, mais aussi aux consommateurs américains qui verraient le prix de certains modèles exploser. Et c’est sans compter sur les relations futures entre les deux pays qui s’en trouveraient compromises. Bref, personne ne gagne à ce jeu.
Nous allons voir s’il s’agit seulement d’une stratégie (une autre) de négociation.
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