La Sûreté du Québec a mis plus de 12 heures avant de conclure que Martin Carpentier était un homme suicidaire, alors qu'il venait de s'enfuir d'un accident avec ses filles qu'il a plus tard assassinées dans une forêt de Saint-Apollinaire, en juillet 2020.
Cette certitude s'est matérialisée quand le conjoint de la mère des victimes, Alexandre Pelletier, a arraché le téléphone des mains de l'enquêteur, Kevin Camiré, pour « dire les vraies affaires » à sa supérieure, la lieutenante Annie Thériault, à l'effet que le père n'allait pas bien, qu'il avait perdu du poids, des problèmes d'argents et peur de perdre la garde de ses enfants.
Comment se fait-il que c’est lui qui me dit ça? (...) Il était intense et directif, je n'ai pas eu le choix de croire ce qu’il venait de dire.
Ces éléments d'informations cruciaux se retrouvaient pourtant dans deux déclarations faites la veille aux patrouilleurs, mais qui n'ont jamais été transmises aux enquêteurs. Ces derniers ont appris l'existence des dépositions dans les premiers jours des audiences publiques, donc plus de deux ans et demi après la tragédie.
Le conjoint de l'époque d'Amélie Lemieux avait insisté dès les premières heures sur la probabilité d'un enlèvement compte tenu de l'état instable de Carpentier alors que son collègue de travail lui avait confié qu'il montrait plusieurs signes de dépression.
« À 10h00 du matin, c’est un homme suicidaire. C’est clair. »
La lieutenante a d'ailleurs reconnu devant le coroner que le partage de l'information au sein de la SQ pendant les premières heures de la tragédie « n'avait pas été optimal » évoquant aussi une « mauvaise communication ».
Elle a aussi expliqué qu'elle s'est inquiétée pour les enfants dès qu'elle a été informée du dossier à 6h30 le 9 juillet, soit plus de 9 heures après la mystérieuse sortie de route, mais qu'elle n'écartait pas pour autant toutes les autres hypothèses.
« (À 8h00), je dis à François que ça ne sent pas bon, je suis vraiment inquiète pour les enfants. »
Dans la matinée, les autorités pensaient à préparer une demande d'autorisation pour lancer un avis médias, mais le témoignage de la lieutenante laisse croire que des lacunes dans les communications ont compliqué le travail des agents qui étaient « bombardés d'appels ».
Écoutez le reportage complet de notre journaliste, dans l'extrait ci-dessus.