Auto123 met à l’essai le Lincoln Corsair PHEV 2022.
Les modèles hybrides rechargeables sont de plus en plus nombreux sur le marché, si bien que le consommateur se trouve devant un éventail intéressant.
En temps normal, il va y aller pour le modèle qui lui convient le plus, que ce soit une question de prix, de style, d’équipement, d’image, de conduite, etc. Sauf qu’avec la crise actuelle et la non-disponibilité de certains produits pour des périodes qui vont de 12 à 24 mois, les critères qui étaient importants hier prennent vite le bord aujourd’hui.
La question principale devient : « est-ce que je peux l’avoir bientôt ? » Elle se pose dans le cas de la version hybride rechargeable du Lincoln Corsair ? Car autrement, qui s’intéresse vraiment à cette dernière, outre un « fan fini » de la marque Lincoln ?
Car, si c’est uniquement un modèle offrant une autonomie électrique qui l’intéresse, l’acheteur peut se diriger vers la déclinaison PHEV du Ford Escape ou souhaiter un Toyota RAV4 Prime (attente interminable) ou un Mitsubishi Outlander PHEV. Ces derniers sont moins dispendieux que le Corsair.
Cependant, si le Lincoln est livrable plus rapidement…
Cette réflexion est peut-être tirée par les cheveux, mais dans l’industrie actuelle, elle mérite qu’on s’y intéresse.
Il reste que Lincoln propose un VUS compact offrant une autonomie électrique. Outre ce « détail », voyons si le reste de ce qu’il sert est intéressant en regard du prix demandé. Au passage, on va répondre à la question soulevée dans le titre de cet essai.
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L’image Lincoln
Pour connaître du succès, et un succès qui traverse le temps, l’image d’une marque doit être forte. C’est vrai pour les modèles de masse comme pour ceux de luxe. Longtemps, Lincoln a eu une bonne image, mais au tournant du millénaire, elle a commencé à se perdre. La rivale, Cadillac, a été plus agressive pour refaire la sienne.
Lincoln a souvent erré. La compagnie a tenté plein de choses, mais pas avec succès, y compris l’adoption d’un « nouveau » nom (La Lincoln Motor Company) ; ça se passait il y a une dizaine d’années.
Ça n’a jamais levé, au point où des rumeurs sur la disparition de la division ont circulé. Fondé ou non, ce genre de cancan ne voit jamais le jour lorsque les choses vont bien.
Depuis quelques années, avec les plus récentes générations de modèles, l’image a été refaite. La marque semble maintenant assumer son caractère américain et joue la carte du grand luxe comme jamais. On pourrait presque parler d’une version américanisée de Lexus.
La division commence à en récolter les fruits, d’ailleurs. En 2019, elle enregistrait une quatrième croissance de ses ventes en six ans. L’année de pandémie (2020) l’a vu reculer très légèrement, mais pas avant d’accroître ses parts de marchés.
Le Corsair
Le Corsair, maintenant. En gros, deux configurations sont offertes ; une proposant des moteurs à essence (deux blocs 4-cylindres turbo de 2,0 et 2,3 litres sont livrables), une autre de type hybride. Celle-ci se compose d’un 4-cylindres de 2,5 litres et d’un moteur électrique. La puissance totale est de 266 chevaux. Surtout, l’autonomie électrique de la partie. Cependant, on parle de seulement 45 kilomètres. C’est 15 de moins que le cousin chez Ford, l’Escape.
Les deux premiers modèles sont plus « abordables » à quelque 45 000 $ et 48 000 $, mais il faut débourser 10 000 $ de plus pour le modèle hybride rechargeable, qu’on identifie comme la version Grand Touring.
Bien entendu, on vous livre un tout inclus avec ce modèle. Toutefois, on note certains absents de taille avec cette version Grand Touring, dont le volant chauffant, la recharge sans fil pour appareils cellulaires et le hayon à ouverture mains libres. Il faut en fait ajouter des dollars pour en profiter. Des faux pas difficiles à pardonner.
On comprend pour l’option des sièges à 24 réglages. Le volant chauffant, non. Laissez ce genre d’aberration à Mercedes-Benz.
Le rendement
Maintenant, qu’en est-il vraiment de l’autonomie tout électrique ? Et bien par beau temps, on réussit à obtenir les 45 kilomètres promis. On peut même faire mieux si le trajet est ponctué d’arrêts et d’occasions de permettre une certaine régénération d’énergie.
Par temps froid, ça coupe, bien sûr ; j’en étais à 25 à 27 km par moins 15 degrés. Pire, le système ne fonctionne pas en tout électrique sur de courtes distances, car le moteur à essence doit s’activer pour tout faire fonctionner (le chauffage, surtout). En roulant, on voit le système faire son travail cependant, au point d’accumuler des kilomètres électriques ici et là. En somme, on finit par les obtenir, nos 27 km, mais sur de plus longues distances. Et plus on roule, plus on accumule du capital électrique, aussi. Après un trajet de 200 km, le système vous fera comprendre que vous aurez roulé sur 35 km en mode électrique, par exemple.
Tout cela demande une adaptation et pour bien comprendre toutes les subtilités, il nous aurait fallu plus d’une semaine derrière le volant. Lors de mon essai, un aller-retour de Montréal à Toronto était au programme. Vous aurez compris qu’une fois les 30 premiers kilomètres franchis, le Corsair PHEV devient un VUS hybride.
Malgré tout, sur 1237 km parcourus, principalement sur l’autoroute, 132,5 l’ont été en mode tout électrique. De ce nombre, il faut compter une sortie où 33 km ont été enregistrés d’entrée de jeu en mode électrique, car la température était clémente. Le reste l’a été au gré de la régénération au long de mon parcours.
Le résultat final ? Une consommation de 7,9 litres aux 100 km, par temps plutôt froid. Une moyenne de 7,0 litres est annoncée au combiné par Lincoln. C’est très atteignable par beau temps, et avec une bonne discipline de recharge, on peut la faire fondre, bien sûr.
Quant au comportement général du véhicule, on apprécie le confort du Corsair, ses sièges haut de gamme, ainsi que sa chaîne audio de première qualité. Le confort est aussi au cœur de l’expérience. Cependant, le débattement de la suspension nous fait réaliser que la sportivité n’est pas au menu ; le train arrière, particulièrement, n’aime pas les imperfections de la route. Ça peut devenir agaçant.
Conclusion
Si vous êtes à la recherche d’un VUS hybride rechargeable, le Lincoln Corsair est une solution parmi d’autres. Il est difficile d’être emballé par ce modèle, mais il est tout aussi difficile d’en être déçu. Il fait ce qu’il a à faire, sans plus. Au passage, il propose l’expérience Lincoln, maintenant différente.
Et c’est surtout ça qui doit vous intéresser, car pour le peu d’autonomie électrique qu’il propose, il est trop cher, surtout lorsqu’on l’équipe comme un modèle de luxe doit l’être.
Si le Corsair était sur votre liste, l’option de la version enfichable a du sens. Autrement, soyez patients. Celui qui s’achète un Corsair PHEV est avant tout un amateur de produits Lincoln.
On aime
Consommation, possible avec une bonne discipline de recharge
Les sièges
Le niveau de confort général
Bonne chaîne audio
On aime moins
Suspension arrière trop permissive
Autonomie électrique limitée
Certaines commodités attendues sont en option
La concurrence principale
Audi Q5 e
BMW X3 30e
Volvo XC60 T8